Les managers continuent à se sucrer, et les employé-e-s à voir leurs salaires stagner

Les écarts de rémunération en Suisse se sont encore creusés l’année dernière. En 2016, les salaires des CEO ont progressé en moyenne dix fois plus vite que ceux des employé-e-s. C’est ce que montre l’étude 2017 du syndicat Unia sur les écarts de salaire, qui a passé au crible les rémunérations dans 40 grandes entreprises suisses.

Selon l’étude actuelle d’Unia sur les écarts de salaire, les rémunérations des CEO des 40 sociétés analysées ont bondi de 7 %, soit presque 10 millions, pour atteindre 188 millions de francs. Les travailleuses et travailleurs ont dû se contenter d’une hausse des salaires effectifs de 0,7% – soit dix fois moins. L’écart de salaire moyen, qui représente la différence ente le plus haut et le plus bas salaire, s’est encore creusé à 1:165 (1:150 un an plus tôt).

Nouveau creusement des écarts de salaire

L’industrie alimentaire affiche les écarts les plus spectaculaires (1:237), devant la chimie / pharma (1:217). Le groupe Roche décroche la première place avec un écart salarial de 1 à 266, talonné par UBS (1:266). À titre de comparaison, le fossé est moins marqué dans le commerce de détail (1:16). Il ne faut pas non plus oublier, dans le débat sur les salaires des managers, qu’à l’autre bout de l’échelle il serait urgent de relever les bas salaires, afin que la main-d’œuvre reçoive sa juste part du développement économique.

Managers sans scrupules, vis serrée aux salarié-e-s

Dans 26 des 40 entreprises étudiées, les salaires des CEO ont augmenté en 2016. Dans certains cas, les rémunérations se chiffrant en millions sont en flagrante contradiction avec les mesures de réduction de postes. Les CEO de plusieurs géants de l’industrie (Schindler, Sulzer, Georg Fischer) ont empoché entre 3 et 3,5 millions de francs pour avoir supprimé des emplois ou imposé au personnel des heures gratuites pendant des mois entiers. Tidjane Thiam, CEO de Credit Suisse a bénéficié, malgré la marche désolante des affaires, d’une augmentation de 30% (10,2 millions). Idem pour le CEO de Zurich Insurance Mario Greco (7,8 millions), qui a annoncé de brutales mesures d’économies sur le dos du personnel.

Nécessité d’un débat politique

L’étude appelle à un débat politique sur les salaires des managers. Il est intéressant de noter que si le secteur privé s’inspirait des prescriptions en discussion au Parlement pour plafonner les salaires des dirigeants des entreprises proches de l'État publiques, les plus hautes rémunérations baisseraient de 80% par rapport à aujourd’hui.