Le franc fort tient les PME de l’industrie en haleine. Des mesures s'imposent!

Pour les petites et moyennes entreprises (PME) dans l’industrie suisse des machines, la persistance du franc fort est un problème existentiel qui se répercute massivement sur les marges. La Banque nationale doit donc viser un objectif de taux de change stratégique franc/euro entre 1.18 et 1.20. C’est ce que montre une étude réalisée par la HSG (Université de Saint-Gall) sur mandat de Swissmechanic et du syndicat Unia.

L’industrie a une importance cruciale pour l’économie suisse. Elle représente près d’un cinquième du produit intérieur brut. Les PME sont l’épine dorsale de l’industrie. Des milliers d’entreprises jouent un rôle essentiel dans le processus de production en tant que fournisseurs, fabricants ou prestataires de services. Mais leur existence est menacée. C’est pourquoi l’association patronale Swissmechanic et le syndicat Unia ont établi un partenariat particulier et mandaté conjointement une étude sur la situation des PME de l‘industrie.
Sous le titre « Importance économique et problématiques des PME dans l’industrie suisse des machines – avec une attention particulière aux entreprises organisées par Swissmechanic », Prof. em. Dr. Franz Jaeger et Dr. Tobias Trütsch  de l‘«Executive School of Management, Technology and Law» (ES-HSG) ont présenté aujourd’hui leurs résultats.

Le franc fort comme désavantage concurrentiel

Dans le cadre de l’étude, quelque 200 entreprises membres de Swissmechanic ont été interrogées. Les résultats sont alarmants. Pour ces entreprises, la surévaluation du franc suisse constitue de loin le plus grand problème local. Ainsi, la force du franc a eu un impact négatif sur l’emploi dans près de 40% des entreprises interrogées.
Les marges bénéficiaires, comme deuxième plus grand problème, se sont dégradées dans plus de 50% des entreprises durant la période de 2014 à 2016 en raison du franc fort. Actuellement, près de la moitié de toutes les entreprises affichent une marge bénéficiaire inférieure à 5%, ce qui n’est pas supportable à long terme. Et 10% enregistrent même des pertes.
A cela s’ajoute que de nombreuses entreprises ont de la peine à obtenir des crédits : en 2015, une entreprise sur cinq s’est vu refuser un crédit pour financer ses activités. Depuis lors, c’est une entreprise sur huit.

Objectif de taux de change stratégique exigé

Sur la base de l’analyse, les auteurs de l’étude formulent plusieurs recommandations : la Banque nationale doit viser un objectif de taux de change stratégique franc/euro entre 1.18 et 1.20. Pour résoudre le resserrement du crédit, il faut envisager des formes de financement alternatives au crédit bancaire et améliorer le système de cautionnement en faveur des PME. Il convient de renforcer la formation professionnelle et continue comme base de l’innovation, au vu des défis que représente la numérisation. Swissmechanic et Unia continueront, sur la base de ces constats, de s’engager résolument pour une politique industrielle dans l’intérêt de la place industrielle suisse, des PME industrielles et de leurs employés. C’est ce qu’ont souligné à la conférence de presse d’aujourd’hui Roland Goethe, président de Swissmechanic, et Daniel Arn, vice-président de Swissmechanic, ainsi que Corrado Pardini, chef de l’industrie d’Unia, et Manuel Wyss, responsable de l’industrie MEM.