General Electric veut supprimer près de 1‘200 postes en Suisse

A l’issue de la procédure de consultation, General Electric (GE) a confirmé aujourd’hui la suppression d’environ 1‘200 places de travail en Suisse. Le syndicat Unia critique ce démantèlement. Le Conseil fédéral et le Parlement doivent maintenant veiller à une politique industrielle durable.

La destruction annoncée de centaines d’emplois et du savoir-faire industriel chez General Electric est motivée en premier lieu par une recherche du profit à court terme pour les actionnaires. Ce sont les salarié-e-s et leurs familles qui en feront les frais : selon GE, quelque 1‘200 postes passeront à la trappe sur les sites de Baden (920), Birr (230) et Oberentfelden (50). Le groupe parle d’environ 700 licenciements, mais biffera beaucoup plus de postes via des départs « volontaires » qui ne seront pas remplacés.

Environ 200 emplois sauvés

La procédure de consultation locale avec GE Suisse s’est achevée aujourd’hui. Les nombreuses propositions constructives que les représentations de travailleurs au niveau européen et suisse ont faites pour éviter des suppressions de postes sont pour la plupart restées sans écho auprès de la direction. Le syndicat Unia a soutenu la représentation du personnel de GE lors de la procédure de consultation et s’est engagé dans la task force mise en place par le Conseil d’Etat argovien pour le maintien des places de travail. Au cours de la consultation, il a tout de même été possible de réduire les projets de démantèlement initiaux et de sauver environ 200 postes sur les sites argoviens.

Justifications douteuses de GE

GE justifie le démantèlement notamment par une estimation très pessimiste de l’évolution du marché. GE tablait sur une stagnation du prix de l’électricité, alors qu’il a fortement augmenté ces derniers temps. Ayant déjà manqué par le passé le tournant de la transformation écologique de l’économie en raison d’erreurs de management, le groupe se prive maintenant de la base nécessaire pour être concurrentiel à l’avenir dans le secteur de l’électricité.

Le Conseil fédéral n’a pas posé les jalons nécessaires

Unia avait déjà demandé au Conseil fédéral d’exiger de GE des engagements contraignants pour assurer la production en Suisse. Le ministre de l’Economie Johann Schneider-Ammann n’a pas pu ou pas voulu obtenir de tels engagements. La politique est donc en partie responsable de la débâcle de la politique industrielle : la suppression de plus de 2000 emplois en plusieurs vagues successives (2016 et 2018) est aussi le résultat d’un manque de décisions politiques.

Un changement de cap politique s’impose

Le Conseil fédéral ne semble pas avoir vraiment pris la mesure de la situation, comme le montre son rejet de la motion du conseiller national Corrado Pardini intitulée « Instituer une entité chargée de mettre en place un développement industriel de la Suisse qui soit à la fois souverain et respectueux du développement durable ».

L’intervention parlementaire demande l’institution d’une instance qui devra, après examen, autoriser ou non les reprises et les fusions d’entreprises revêtant une importance en termes de stratégie industrielle et dans lesquelles sont investis des capitaux étrangers sous la forme d’une participation. Cela fournirait à la politique un instrument lui permettant de mieux faire face aux risques de désindustrialisation, de licenciements collectifs, de fermetures d’entreprises, de restructurations, d’attaques et d’externalisations. Le Parlement a maintenant l’occasion de tirer les leçons du cas GE et de faire un pas en avant vers une politique industrielle durable.