Stopper les activités de la branche des taxis, soutenir les chauffeurs de taxi

Le soutien aux entreprises individuelles (indépendants) et aux employé-e-s de maison annoncé mercredi dernier par le Conseil fédéral est nécessaire et se fait attendre. Il faut une mise en œuvre rapide. Il est toutefois incompréhensible que le Conseil fédéral ne donne pas suite à la demande des associations de taxis et du syndicat Unia qui souhaitent faire cesser les activités de la branche des taxis par ordonnance. La protection contre une infection au Covid-19 ne peut pas être garantie dans un taxi. De plus, les chauffeuses et chauffeurs de taxi sont menacés dans leur survie économique.

Unia est intervenu cette semaine auprès du Conseil fédéral aux côtés d’associations de chauffeurs de taxi de six villes suisses, fédérées dans l’Union suisse des taxis. Suite à l’état d’exception décrété le 16 mars, les courses de taxi ont diminué d’au moins 90%. Les conducteurs qui circulent encore sont dans l’impossibilité de couvrir leurs frais. Quelque 10 000 conductrices et conducteurs sont donc sérieusement menacés dans leur existence, car ils n’ont souvent pas de réserve. Des mesures de soutien sont urgemment nécessaires, faute de quoi toute une branche risque de s’effondrer.

Les mesures de protection ne peuvent pas être appliquées dans un taxi

Dans le cadre du transport professionnel de personnes, il n’est pas possible de respecter les mesures de protection prescrites par l’OFSP. La distance entre le chauffeur et le passager dans un taxi est d’environ 80 cm, et il y a aussi des contacts lors du chargement et du déchargement des bagages et lors du paiement. De nombreux cas de chauffeurs de taxis malade du coronavirus sont déjà connus. Beaucoup craignent d’être contaminés ou de propager le virus et restent donc chez eux sans revenu.

La santé d’abord : faire cesser l’activité de taxi sous cette forme

Il est donc évident que les services de taxi doivent être interdits par ordonnance du Conseil fédéral. Cela contribuerait aussi à clarifier leur situation, notamment en ce qui concerne les indemnités financières via le système d’allocations pour perte de gain (APG). Tant que le secteur des taxis doit continuer à fonctionner, les conducteurs indépendants ne peuvent pas bénéficier des mesures de soutien des APG qui ont été décidées jusqu'à présent, même si les mesures officielles signifient qu'ils perdent pratiquement toutes leurs courses. Unia soutient les chauffeuses et chauffeurs de taxi dans leur demande. Afin de maintenir un service de base pour les courses de taxi absolument nécessaires, les cantons devraient avoir la possibilité d’éventuellement recruter des conducteurs de taxi volontaires, de les engager directement pour la durée de la crise avec des salaires suffisants pour vivre et d’équiper leurs véhicules de façon optimale.

Fonds de détresse pour les salarié-e-s atypiques et les employé-e-s de plateforme

Le Conseil fédéral ne s’est jusqu’ici pas exprimé sur les formes d’emploi atypiques comme le travail de plateforme. Dans le secteur des taxis, des milliers de prestataires sont employés par des plateformes qui refusent parfois de remplir leurs obligations d’employeur (par ex. Uber). En cas de baisse d’activité, elles ne versent pas de salaire et les employé e s ne sont pas assurés contre la perte de gain. Pour les employeurs comme Uber, il faut des contrôles urgents du respect des directives sanitaires. Les employé-e-s concernés doivent aussi avoir accès à des prestations de soutien car, en raison d’une omission volontaire de l’employeur, ils ne peuvent pas bénéficier d’instruments comme le chômage partiel. Ces employeurs qui opèrent de façon illégale doivent être immédiatement contraints par les autorités à assumer leurs obligations. La situation actuelle montre clairement les conséquences dévastatrices qu’aurait une nouvelle « ubérisation » du monde du travail.