Il faut un signal clair en faveur d’un partenariat social équitable

La Société suisse des entrepreneurs (SSE) a déposé aujourd’hui au SECO des signatures récoltées auprès des maçons. Or ces paraphes n’ont aucune valeur ni politique, ni juridique. Politiquement parlant, outre que les syndicats souscrivent à la principale revendication de la pétition de la SSE, soit «non au vide conventionnel», les signatures ont été obtenues en bonne partie sous la contrainte. Et juridiquement parlant, la valeur des signatures est nulle car il n’est pas possible d’imposer de cette manière la prolongation d’une CCT, contre la volonté des syndicats. Unia et Syna représentent ensemble 60 000 membres travaillant dans le secteur principal de la construction.

Il y a un an déjà, la Société suisse des entrepreneurs avait interrompu les négociations salariales avec des arguments cousus de fil blanc. Depuis février 2015, elle refuse toute discussion avec les syndicats sur la convention nationale du secteur principal de la construction en Suisse (CN), qui expirera en fin d’année.

Volonté patronale d’augmenter l’âge de la retraite et de démanteler les rentes

Les entrepreneurs empêchent également toute solution au dossier de la retraite anticipée dans la construction. Comme au cours des prochaines années, la fondation FAR a provisoirement besoin d’un financement additionnel car les maçons seront un peu plus nombreux à partir à la retraite. Son conseil de fondation paritaire, où les entrepreneurs sont représentés, signale depuis plus de deux ans la nécessité de garantir financièrement la retraite à 60 ans sur les chantiers. Aux yeux des syndicats, tant le relèvement de l’âge de la retraite qu’une réduction de la rente actuelle sont exclues, sinon les travailleurs ne pourraient plus se permettre de quitter la vie active à 60 ans. Or la SSE cherche à réduire massivement le niveau des rentes.

Refus irresponsable de négocier les salaires et la CN

Ce n’est qu’après avoir été confrontée à son obligation de négocier, et ce bien après le délai prévu dans la CN, que la SSE a consenti à des négociations salariales pour 2016.
Par ailleurs, la SSE persiste à refuser toute négociation sur une nouvelle CN, alors même que l’actuelle expirera en fin d’année. Nous les syndicats voulons davantage de protection pour les maçons, et des mesures concrètes contre le dumping salarial. Dans l’intérêt bien compris des travailleurs de la construction, de tous les entrepreneurs corrects et de la branche tout entière.
Lors d’une vaste enquête, les travailleurs de la construction ont été plus de 95% à signaler expressément qu’ils veulent des négociations sous la forme d’un paquet, portant sur les salaires, sur la retraite anticipée et la nouvelle CN. Cela fait sens. Entre-temps, plus de 30 000 travailleurs l’ont confirmé en signant de leur plein gré une pétition à ce sujet.

Journées de protestation contre le diktat patronal

La SSE ne veut pas négocier sur la CN et cherche à imposer la prolongation de la convention actuelle. Les salariés assujettis ont ainsi été contraints à signer une pétition, en signe de soutien à cette politique discutable.
Il est absolument contraire aux règles de la CN et aux principes d’un partenariat social loyal de ne pas négocier les salaires et la CN, d’ajourner les contributions nécessaires à l’assainissement de la fondation FAR et de vouloir dicter la prolongation telle quelle de la CN.
Les journées de protestation des syndicats organisées la semaine prochaine constituent dès lors un signal clair et nécessaire pour montrer que les choses ne peuvent plus durer ainsi: nous voulons des négociations et des solutions équitables, plutôt qu’un diktat patronal.