Taux minimum LPP: Le vol des rentes continue
La majorité de la Commission fédérale LPP propose au Conseil fédéral de réduire le taux d’intérêt minimum LPP à 0,75% (taux fixé pour 2018 à 1%). La Commission était saisie de propositions des compagnies d’assurances pour une baisse à 0,25% alors que les organisations syndicales préconisent une hausse du taux à 1,25% pour garantir aux assuré-e-s – par une compensation de l’inflation – au moins le maintien de la valeur de leur capital.
Retour de l’inflation et baisse des rentes
Si le Conseil fédéral devait suivre la Commission, il y a fort à parier que les assuré-e-s verront leur rente fondre encore un peu plus à terme. Le consensus sur les pronostics d’inflation pour l’année prochaine se situe au moins à 1%, selon les estimations du Seco et du KOF. Une rémunération réduite à 0,75% signifierait que la valeur du capital accumulé par les assuré-e-s du 2ème pilier aura perdu de sa valeur, alors que les caisses de pension continuent de baisser massivement leur taux de conversion. Les assuré-e-s se verraient ainsi doublement pénaliser : avec la perte de valeur de leur capital et, au moment de la retraite, avec la baisse du taux de conversion.
Une perte de confiance dans le 2ème pilier
Une diminution du taux minimum dans le contexte actuel serait un désaveu pour le 2ème pilier. Alors que les caisses de pension ont obtenu des performances médianes sur les cinq dernières années de l’ordre de 4.5% par an et de plus de 8% l’année dernière (source : indice Crédit Suisse des caisses de pension suisses, 3ème trimestre 2018), les assuré-e-s ne comprendraient pas que leur capital de retraite soit rémunéré à moins de 1%. La confiance dans le 2ème pilier comme assurance sociale n’en serait qu’affaiblie.
Le niveau des rentes appartient au souverain et doit le rester
La proposition de la Commission fédérale LPP, composée majoritairement de technocrates, démontre encore une fois la nécessité que la décision finale appartienne au souverain ou à ses représentant-e-s. Les propositions visant à retirer au peuple le droit de décider du niveau des rentes font régulièrement l’objet de débats ou de motions sous prétexte de complexité du système. Le taux de conversion définit le niveau de la rente, sa fixation doit rester au niveau du Parlement, respectivement du peuple si le référendum est saisi. Le Conseil fédéral aura l’occasion cette semaine de démontrer qu’il maintient sa confiance en notre système de prévoyance vieillesse et non aux seules formules mathématiques d’experts dont l’indépendance est sujette à caution.