Les chauffeurs d’Uber sont en grève pour défendre leurs droits

Les 18 chauffeurs de la société de transport Pégase Léman sont en grève depuis ce matin à Genève. Cette entreprise, qui travaille uniquement pour le transporteur adepte du dumping Uber, ne paye de toute évidence aucune cotisation sociale et fait travailler ses employés dans des conditions inacceptables. Le personnel d’une autre société, StarLimoLuxe, est dans la même situation. Soutenus par Unia, les chauffeurs exigent le respect de leurs droits.

La direction d’Uber, transporteur adepte du dumping,  a récemment évoqué un projet de professionnalisation de ses chauffeurs et chauffeuses en Suisse romande. En réalité, il s’agit d’un système opaque, avec de nombreuses irrégularités. Soutenus par Unia, les chauffeurs de deux sociétés « partenaires » d’Uber ont demandé une régularisation de leur situation, en vain. Les travailleurs de Pégase Léman ont donc décidé de se mettre en grève, pour exiger le respect de leurs droits et des dispositions légales en vigueur.

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Enregistrées dans le canton de Vaud, les sociétés Pégase Léman et StarLimoLuxe sont actives à Genève et « prêtent » leurs chauffeurs à Uber pour transporter leurs client. Les reproches des employés sont nombreux : salaires payés en retard ou par acompte, temps de travail dépassant souvent les 45 heures hebdomadaires, non-paiement des cotisations sociales, salaires toujours inférieurs à ce qui a été convenu par contrat…

Pégase Léman a notamment conclu des contrats avec ses chauffeurs pour un salaire inférieur à 14 francs de l’heure. Mais même ce salaire de dumping n’a pas été versé ! Uber n’a jamais pris la moindre initiative pour faire respecter la législation pour ceux qui sont, en fait, ses propres chauffeurs.

Les chauffeurs veulent un emploi régulier

Unia et les travailleurs concernés exigent que les sociétés Pégase Léman et StarLimoLuxe  adaptent les contrats, enregistrent le personnel auprès des assurances sociales, payent les différences de salaire et toutes les heures de travail effectuées, et remboursent les frais. Uber doit de son côté régler le litige avec ses « partenaires », prendre ses responsabilités en tant que commanditaire, apporter des réponses aux revendications des chauffeurs, et accepter une négociation avec Unia pour un contrat cadre. Enfin, les chauffeurs invitent le chef du département genevois de l’Economie, Pierre Maudet, à s’engager comme médiateur. L’activité d’Uber dans le canton doit être suspendue jusqu’à la conclusion de ce conflit, comme le veut la nouvelle loi sur les taxis. Il faut également prévoir une réglementation cantonale pour le personnel de ce secteur.

Une délégation du personnel gréviste, accompagnée par le syndicat Unia, a transmis ses revendications à la direction d’Uber à Carouge ce matin. Un piquet de grève est prévu à partir de demain devant le siège du département cantonal de l’Economie.

Uber se place régulièrement au-dessus des lois

Il n'est pas surprenant qu'Uber se distingue par ce système d'embauche douteux. La compagnie américaine a toujours refusé de reconnaître ses chauffeurs comme employés, malgré l'obligation formulée par la  SUVA. Grâce à ce système pernicieux de travail indépendant fictif, on estime que plus des deux tiers des coûts salariaux sont économisés sur le dos des chauffeurs.

Pour un plein temps, cela représente plusieurs milliers de francs par mois et par chauffeur, ce qui peut également être réclamé rétroactivement au tribunal. Cette spécificité genevoise, avec des entreprises intermédiaires qui pratiquent le dumping, semble être une nouvelle tentative d'Uber de contourner ses obligations légales concernant les conditions d’embauche et de travail pour ses chauffeurs et chauffeuses.