Chantiers à l’arrêt: plus de 4000 maçons vaudois cessent le travail!

Plus de 4000 maçons ont arrêté le travail aujourd’hui dans le canton de Vaud. Cette très forte mobilisation montre à quel point la Société suisse des entrepreneurs (SSE) fait fausse route avec ses revendications de démantèlement de la Convention nationale. Les maçons refusent la flexibilisation des horaires de travail et le dumping salarial. Ils veulent également une augmentation de salaire décente. Une forte délégation de maçons vaudois rejoindra demain la journée de protestation des travailleurs zurichois et manifestera devant la SSE.

Plus de 4000 maçons en colère venus de tout le canton de Vaud ont convergé depuis le petit matin vers la Place de la Navigation à Ouchy. Ils s’apprêtent à manifester dès le début d’après-midi dans les rues de Lausanne. « Malgré les pressions exercées sur certains chantiers, les maçons se sont fortement mobilisés. Ils sont très en colère contre la SSE qui veut leur imposer 300 heures de travail flexibles et la fin des salaires minimums pour certaines catégories de personnel. Ce n’est pas seulement un manque de respect, cela met leur santé gravement en danger. » A déclaré Pietro Carobbio, le responsable de la construction d’Unia Vaud.

La protestation se poursuivra demain à Zurich

La protestation continuera demain avec une importante délégation de maçons vaudois qui prendra le train en direction de Zurich à l’occasion de la journée de protestation qui s’y déroulera. Ils manifesteront leur mécontentement devant le siège national de la SSE. « Les maçons de toute la Suisse sont solidaires. Ils savent que c’est ensemble qu’ils pourront faire changer l’avis de la SSE. Une solution est sur la table, les entrepreneurs doivent maintenant la saisir », a déclaré Nico Lutz, responsable national de la construction d’Unia.

Maçons déterminés

Préfigurant la forte mobilisation d’aujourd’hui, 1300 maçons vaudois s’étaient réunis à l’occasion d’une grande assemblée générale début octobre à Beaulieu. Ils avaient promis de protester à Lausanne pour sauver leur Convention nationale, demander une hausse des salaires après 4 ans de stagnation et s’opposer à la flexibilisation des heures de travail voulue par les entrepreneur.

Les enjeux du conflit national dans la construction

La Convention nationale du secteur principal de la construction (CN) expire à la fin de l‘année. Des mesures supplémentaires limitées dans le temps sont nécessaires pour assurer la retraite à 60 ans. La Société suisse des entrepreneurs (SSE) a d’abord refusé pendant neuf mois de négocier avec les partenaires sociaux pour sauvegarder la retraite à 60 ans, retardant ainsi inutilement une solution. Lors de la grande manifestation de juin 2018 à Zurich, 18 000 maçons ont appelé la SSE à changer d’avis.

Les négociations ont été engagées en août 2018 et une solution est maintenant sur la table, à savoir : le maintien de la retraite à 60 ans et la prise en charge des coûts de l’assainissement par les maçons si la SSE accorde en contrepartie une augmentation de salaire décente. Mais les entrepreneurs font maintenant du chantage : ils ne sont prêts à cette solution que si les syndicats acceptent une dégradation de la CN. Aujourd’hui déjà, les journées de travail peuvent durer jusqu’à 12 heures en été, ce qui met la santé des maçons à rude épreuve. Avec la proposition de la SSE, les maçons devraient travailler jusqu’à 12 heures par jour de mars à décembre.

C’est une atteinte à leur santé. De plus, les exigences de la SSE entraîneraient des réductions de salaire massives pour les travailleurs âgés et favoriseraient le dumping salarial par des entreprises étrangères. C’en est trop pour les maçons : ils ont décidé de lutter avec des actions de protestation dans toute la Suisse, pour leur convention et pour assurer la retraite à 60 ans. Les journées de protestation ont commencé à la mi-octobre. 3000 maçons ont déposé leurs outils à Bellinzone et 2500 ont fait de même pendant deux jours à Genève. La Suisse romande a suivi avec plus de 1500 maçons dans les rues. A Berne, ils étaient 1000 à manifester jeudi passé.

Communiqué de presse d’Unia région Vaud.