UberEats : immangeable

Le groupe américain Uber veut conquérir un nouveau secteur d’activité : avec « UberEats », Uber veut faire livrer des repas en Suisse romande par de faux indépendants. Selon le modèle de dumping envisagé, les employé-e-s seraient exploités et travailleraient sans protection d‘assurance. Les autorités romandes doivent intervenir. Unia demande aussi la mise en place d’une task force au niveau fédéral.

Le groupe américain Uber se livre depuis quelques années à une concurrence déloyale dans la branche suisse des taxis. Par le biais d’un système perfide, Uber contraint ses chauffeurs et chauffeuses à travailler comme des indépendants fictifs. Tandis que l’entreprise ignore les décisions des autorités, le personnel conduit de facto souvent au noir et sans couverture sociale. La SUVA a établi que les chauffeurs et chauffeuses Uber étaient des employé-e-s, mais cette décision n’est pas encore entrée en force. Comme la politique et les autorités ferment les yeux, Uber tente maintenant de transposer son modèle d’exploitation à d’autres branches.

Le modèle de dumping d’Uber

Avec le modèle UberEats, Uber  ferait circuler ses coursiers et coursières à vélo ou en scooter sans assurance-accidents, ne paierait pas les cotisations aux assurances sociales auxquelles ils ont droit (prévoyance vieillesse, assurance-chômage), ne prévoirait pas de remboursement de frais pour les outils de travail et leur verserait des salaires de dumping. Comme il s’agit de transport de denrées alimentaires, des questions de sécurité alimentaire se posent aussi. Il n’est pas admissible que la responsabilité soit reportée sur le personnel.

Encore plus incroyable qu’une autre multinationale américaine, comme le géant des fast food McDonald’s, décide de soutenir ce modèle en concluant un partenariat avec Uber. Et en contournant ainsi la convention collective nationale (CCNT) de l’hôtellerie-restauration qui a une force obligatoire.

Les autorités doivent intervenir

Unia est intervenu à Genève auprès du Département de l’emploi et de la santé (DES) et de son responsable, Mauro Poggia. Le syndicat demande des contrôles rapides et le respect des conditions obligatoires prévues  dans le  contrat-type de travail cantonal (entre autres salaires minima,  couvertures des assurances sociales, durée du travail). Tant que les lois en vigueur ne sont pas respectées, le canton doit empêcher toute activité d’UberEats. Les mêmes contrôles sont demandés aussi pour les autres sociétés genevoises de livraison des repas.

Il est nécessaire de créer une task force au niveau national, à laquelle doivent collaborer le Conseil fédéral, les partenaires sociaux et les assurances sociales. Il s’agit aussi de mettre fin au dumping salarial des plateformes et à la pratique d‘Uber qui consiste à envoyer sur les routes, sans aucune protection, des employé-e-s qui exercent l’un des métiers les plus dangereux. Le Conseil fédéral doit assumer ses responsabilités : au lieu de miser sur la dérégulation, il doit immédiatement prendre des mesures pour véritablement protéger les employé-e-s, car les employeurs de plateformes ne veulent manifestement pas prêter attention aux règles en vigueur en matière de protection des salarié-e-s.  Les assurances sociales et les cantons doivent garantir le respect des droits des travailleurs et poursuivre les entreprises qui pense pouvoir bafouer les règles du marché du travail suisse.