La pression des délais et du temps représente un danger croissant: les maçons disent stop!

La pression croissante des délais et du temps sur les chantiers représente un danger. La santé des travailleurs de la construction souffre d’un stress toujours plus important, la qualité du travail diminue et la sécurité au travail est négligée. C’est ce que montrent les résultats d’une vaste enquête menée par Unia l’automne dernier auprès de plus de 12 000 maçons et présentée aujourd’hui lors d’une conférence de presse. Avec Unia, les travailleurs de la construction veulent développer sur cette base des revendications concrètes.

L’économie suisse de la construction se porte très bien. On n’a jamais autant construit et les carnets de commande sont bien remplis. Les entreprises réalisent des chiffres d’affaires records. «Mais cela n’est qu’une partie de la réalité dans le secteur principal de la construction », explique Nico Lutz, responsable de la construction du syndicat Unia: «Il y a un grand problème: le nombre d’employés a tendanciellement baissé ces dernières années, notamment chez les travailleurs sous contrat fixe, alors que le volume de travail a augmenté.»

Le travail dans la construction est de plus en plus dangereux

Le travail dans la construction est déjà dangereux aujourd’hui. Un maçon sur six est victime d’un accident chaque année et plus de 120 travailleurs de la construction sont morts au travail au cours de ces dix dernières années. Les accidents sur les chantiers ont certes diminué dans l’ensemble, mais le nombre d’accidents graves et très graves a augmenté de manière significative ces dix dernières années. Dans le secteur principal de la construction, le nombre d’accidents est trois fois plus élevé que la moyenne, et les décès dans le cadre du travail sont au moins six fois plus fréquents, avec une tendance à la hausse.

Toutefois, malgré les risques, les maîtres d’ouvrage sont toujours plus nombreux à exiger des délais de plus en plus serrés. Chris Kelley, coresponsable du secteur de la construction d’Unia déclare: «A côté de la pression existante, on observe depuis quelques années une autre évolution dangereuse: de plus en plus de maîtres d’ouvrage exigent que leurs projets de construction soient réalisés en toujours moins de temps.»

Le sujet préoccupe: vaste enquête dans la construction

En d’autres termes, de moins en moins d’ouvriers construisent toujours plus et en toujours moins de temps. Afin d’avoir une image représentative de la situation, les maçons actifs chez Unia ont lancé l’été dernier une enquête à large échelle. Ils voulaient savoir comment la pression sur les délais a évolué ces dernières années, quel est son impact sur les travailleurs et où il est nécessaire d’agir.

Les résultats sont maintenant connus. Ils montrent clairement que le sujet préoccupe. Au total, 12 203 travailleurs de la construction et contremaîtres ont participé à l’enquête entre juin et octobre 2019.

Résultats: la pression des délais représente un danger avec diverses conséquences

78% des maçons interrogés ont indiqué que la pression des délais a augmenté ces dernières années (78% Oui / 6% Non / 16% Je ne sais pas). Et 73% ont affirmé que l’accroissement de la pression a entraîné plus de stress (73% / 10% / 17%). Comme conséquences, les répondants ont indiqué que leur santé en pâtit (55%), que la qualité du travail diminue (52%) et que la sécurité au travail est négligée (51%).

Cependant, l’impact ne se limite pas au travail sur les chantiers, car la pression des délais se répercute aussi sur la vie des ouvriers. Ainsi, 68% des maçons interrogés se voient contraints de sacrifier une grande partie du temps qu’ils consacrent à leur famille et aux loisirs (68% / 21% / 11%).

Le maçon bernois Antonio Ruberto, travailleur de longue date qui a aussi participé à la conférence de presse, a déclaré: «La pression des délais sur les chantiers a massivement augmenté ces dernières années. Et nous, les maçons, nous le payons avec le peu de temps libre qui nous reste, avec notre santé et toujours plus souvent avec notre vie.»

Tous sur les chantiers sont concernés

Chez les contremaîtres qui ont aussi été interrogés (610 contremaîtres, soit env. 10% de tous les contremaîtres), les réponses sont encore plus nettes : 83% affirment que les maîtres d’ouvrage exigent toujours plus souvent des délais irréalistes. 78% indiquent que le délai final reste inchangé même si le début des travaux a été retardé. 64% rapportent qu’ils n’ont souvent pas les ressources suffisantes pour respecter les délais sans recourir aux heures supplémentaires et au travail du samedi. Et ce qui est particulièrement préoccupant : 61% disent qu’il reste trop peu de temps pour la sécurité au travail en raison de la pression des délais.

Les maçons définissent les revendications

La pression des délais représente un danger croissant et la nécessité d’agir est urgente. Ainsi, selon l’enquête, 76% des maçons interrogés veulent faire quelque chose avec Unia contre la pression des délais et du temps (76% / 9% / 15%). Avec les maçons, Unia va maintenant élaborer des revendications, par exemple en matière d’organisation du travail à l’attention des maîtres d’ouvrage, mais aussi en ce qui concerne le temps de travail à l’attention des employeurs. Il faut une meilleure protection de la santé pour les maçons.