Licenciement collectif chez Smood

Les syndicats Unia et SIT ont transmis ce jeudi 27 mai le résultat de la période de consultation du personnel de la société AlloService Sarl qui sous-traite des livraisons pour la plateforme Smood SA. Le nombre de personnes licenciées a diminué. Mais la situation reste très opaque et incertaine pour le futur des employé-e-s. Les syndicats demandent aux autorités genevoises et vaudoises d’intervenir pour que les emplois soient tous préservés.

La situation des livreuses et livreurs genevois et vaudois travaillant pour la plateforme de livraison à domicile Smood SA est toujours très délicate. Malgré une longue période de consultation, peu de propositions concrètes ont été transmises par les directions des entreprises concernées. Les licenciements annoncés médiatiquement en avril sont aujourd’hui une réalité. En l’absence d’accord, plusieurs dizaines de personnes se retrouveront sans emploi dans les prochaines semaines. Alors que les livraisons de repas et d’achats effectués en ligne connaissent un vrai boom dans toute la Suisse, ces travailleuses et travailleurs ne sont toujours pas protégés.

Premières réponses encourageantes

Les syndicats se réjouissent toutefois d’avoir obtenu en peu de temps quelques réponses encourageantes: la société AlloService a accepté d’ouvrir une procédure formelle de consultation dans le cadre d’un licenciement collectif et d’en informer les autorités genevoises. Le nombre de licenciements est passé de 250 à 150 personnes (120 à Genève et 30 à Lausanne).  45 livreurs ont déjà été réengagés pour travailler dans le canton de Vaud. Enfin, Smood a déclaré la semaine passée avoir mis fin à ce système de sous-traitance et respecter le salaire minimum genevois.

Les propositions du personnel

Sur cette base, le personnel espère maintenant recevoir aussi le feu vert pour trouver un accord autour des propositions qu’il a formulées au cours des trois semaines de consultation, avec le soutien des syndicats Unia et SIT, pour maintenir l’emploi et réduire les conséquences économiques des licenciements. Les employé-e-s demandent à Smood:

  • De garantir la continuité de l’emploi en engageant tout le personnel qui en fait la demande d’ici au 30 juin.
  • De respecter les conditions de travail prévues par la législation en vigueur, notamment le salaire minimum genevois et la Convention collective nationale de l’hôtellerie-restauration.
  • De lui fournir à temps toute la documentation nécessaire pour vérifier des éventuelles créances et le paiement correct des cotisations sociales.

Une intervention des cantons indispensable

Les syndicats demandent aux autorités genevoises et vaudoises de faire tout le nécessaire pour vérifier les éléments opaques de ce dossier, notamment le respect de la législation sociale et du travail. La relation de sous-traitance d’AlloService avec Smood SA mérite une attention toute particulière du point de vue de l’application de la Loi sur le Service de l’Emploi et de la location de services (LSE). Ces pratiques ont déjà fait l’objet d’une dénonciation publique des syndicats par le passé, notamment dans le système crée par Uber en Suisse Romande avec les chauffeurs VTC. L’existence d’une location de service, reconnue déjà par la Chambre administrative genevoise en juin 2020, n’admet pas la possibilité d’externaliser le recrutement du personnel à une autre société. Le préjudice pour les employé-e-s pourrait donc être plus important que les estimations faites par AlloService Sarl, et s’élever à plusieurs centaines de milliers de francs.

Stop à la précarisation en bout de chaîne

Active dans toute la Suisse, la société Smood a été plusieurs fois sous le feu des critiques d’Unia pour les mauvaises conditions de travail et de salaire de ses coursiers: indemnités forfaitaires insuffisantes, temps d’attente pas toujours payé, planification modifiée au dernier moment ou communiquée trop tard. La situation s’est encore aggravée pendant la pandémie où le nombre de livraisons a explosé. Unia critique aussi le partenariat stratégique de Smood avec Migros qui est actionnaire et client de Smood depuis 2019. Le géant orange devrait en effet aussi assumer sa part de responsabilité dans la précarisation des conditions de travail de la dernière partie de la chaîne de livraison de produits ou de repas (« last mile delivery »).

Communiqué de presse commun des syndicats Unia et SIT.