Il faut mettre fin à un modèle basé sur la sous-enchère

Le syndicat Unia regrette que le processus de conciliation avec Smood ait échoué et condamne le fait que l’entreprise ait licencié des grévistes durant la période de conciliation, violant ainsi la paix absolue du travail. Le syndicat mettra tout en œuvre pour défendre les salarié-e-s et faire respecter leurs droits. Unia continuera à s’engager pour l’amélioration des conditions de travail et veiller au respect des CCT auxquelles Smood est soumise. Unia et le personnel demandent par ailleurs à l’État de faire respecter les lois et de combattre ce modèle d’affaires basé sur la sous-enchère.

Après une grève de cinq semaines et un processus de conciliation voulu par l’État de Genève, aucun compromis, même partiel, au conflit qui oppose Smood à ses livreuses et livreurs n’a pu être trouvé. Les syndicats demandent à l’employeur d’accepter que la Chambre des relations collectives de travail (CRCT) tranche certains points du litige dans le cadre d’un arbitrage. D’autre part, Unia espère que la CRCT émettra des recommandations utiles à la poursuite de l’engagement des syndicats et de l’État de Genève pour que l’économie de plateformes ne soit pas un espace où seuls les employeurs dictent leurs lois. Dans l’intervalle, Unia attend que Smood mette en œuvre les améliorations minimales qu’elle a annoncées à son personnel durant la grève, en particulier une augmentation des salaires à 23 francs de l’heure (vacances et jours fériés inclus) et la fin du système de pénalités (à savoir des ponctions salariales parfois mêmes plus élevées que le salaire gagné pour la livraison).

Les livreuses et livreurs ne demandent pas l’impossible

Les livreuses et livreurs de Smood se battent pour des conditions de travail dignes. Ils veulent notamment une meilleure planification du travail qui tienne compte de la nécessité d’assumer une vie de famille et d’exercer un second emploi. Ils demandent la fin du système des contrats « zéro heure » et de paiement à la minute de la livraison qui n’offre aucune garantie de revenu. Ils attendent également le remboursement des frais effectifs pour l’usage du véhicule et du téléphone portable privés, coûts assumés aujourd’hui essentiellement par les employé-e-s, contrairement à ce que prévoit la loi. Ils demandent également la transparence sur le versement des pourboires ainsi que sur les kilomètres et les heures effectués.

Grévistes licenciés

Durant le processus de conciliation, Smood a prononcé des licenciements avec effet immédiat à l’encontre de trois grévistes, dont un délégué du personnel qui participait aux négociations. Ce faisant, Smood foule aux pieds les libertés syndicales et la paix du travail absolue qui prévaut durant un tel processus de conciliation. D’autres grévistes ont vu leurs heures de travail diminuer drastiquement suite à la grève. Unia exige que les grévistes licenciés soient immédiatement réintégrés et que Smood mette fin immédiatement à toutes mesures de représailles.

Un modèle basé sur la sous-enchère

Une entreprise qui agit de la sorte ne doit pas pouvoir continuer ses activités en toute impunité. Il n’en va pas seulement du respect de l’ordre juridique : en plus de précariser les employé-e-s, ce modèle d’affaire basé sur la sous-enchère salariale met sous pression tous les acteurs qui respectent les règles légales et les CCT. Cela vide les accords passés de leur substance, notamment la convention collective nationale de travail de l’hôtellerie-restauration (CCNT) qui s’applique pour le personnel de livraison de repas. Le paiement à la minute de la livraison représente en cela un système de dumping salarial typique de l’ubérisation et de l’exploitation sans limites des salarié-e-s.

Les règles doivent être appliquées

Unia et le personnel demandent aux autorités cantonales d’intervenir pour faire respecter les lois et règles qui doivent s’appliquer à Smood et à ses sous-traitants. En parallèle, Unia mettra tout en œuvre pour faire respecter les dispositions des conventions collectives de travail en vigueur, en particulier la CCNT. Comme l’a confirmé sa commission de surveillance, cette dernière s’applique tout autant aux livreuses et livreurs engagés par l’entremise de Smood qu’à ceux engagés directement par les restaurants. Il reviendra par ailleurs au personnel de déterminer avec son syndicat sous quelle forme les mesures de lutte se poursuivront.