Initiative sur les soins: la direction est bonne, mais le Conseil fédéral néglige l'urgence

Les soignant-e-s critiquent une mise en œuvre de l’initiative sur les soins beaucoup trop lente. Photo: Manu Friederich

Le Conseil fédéral souhaite définir des règles plus strictes pour la planification des services, rendre les négociations CCT obligatoires et faire élaborer des recommandations pour la dotation en personnel. Il ne reconnaît pourtant pas la gravité de la situation.

La conciliation entre la vie professionnelle et privée constitue un grand problème dans les soins. Les soignant-e-s du comité de branche saluent donc le fait que le Conseil fédéral soit maintenant prêt à aborder ce thème dans une loi prévoyant des règles plus strictes pour ce qui est de la planification des services.

Reconnaissance du rôle des conventions collectives de travail

La négociation de CCT est une condition préalable à de bonnes conditions de travail. Elle permet aux soignant-e-s de participer de façon démocratique à leur aménagement. Cependant, une CCT n’est pas encore une garantie suffisante de bonnes conditions de travail. Il faut des normes minimales à respecter absolument.

Dotation en personnel: les soignant-e-s doivent avoir leur mot à dire

Un aspect problèmatique de la proposition du Conseil fédéral: que ce soit aux associations patronales seules d’élaborer les recommandations pour la dotation en personnel pour les différents secteurs de soins. De simples recommandations ne sont pas contraignantes, et les soignant-e-s doivent impérativement y être associés. Au bout du compte, ce sont eux qui travaillent quotidiennement au chevet des malades et qui savent quel est le personnel nécessaire pour assurer des soins de qualité.

Problème du financement non résolu

Il est important qu’il y ait suffisamment d’argent pour de bonnes conditions de travail, qui sont nécessaires de toute urgence. C’est le financement des soins et les mesures d’économies qui y sont liées qui ont conduit le système de santé, et en particulier les soignant-e-s, dans la situation actuelle. Il faut des prestations d’intérêt général de la part des pouvoirs publics pour assurer une couverture médicale de base et de bonnes conditions de travail. Un financement supplémentaire via les primes d’assurance maladie serait antisocial.

Des mesures d’urgence s’imposent

Le premier projet de la nouvelle loi est attendu au printemps 2024. Il faudra attendre plusieurs années avant que la loi n’entre en vigueur. Le Conseil fédéral doit absolument accélérer ce processus, car des soins de qualité ne peuvent déjà plus être assurés partout. La Confédération, les cantons et les employeurs doivent mettre en œuvre les mesures d’urgence, maintenant, comme l’ont déjà demandé les soignant-e-s en novembre sur la Place fédérale. Sinon, l’exode dans les soins ne s’arrêtera pas.